Regain d'activité dans l'économie fribourgeoise après l'effondrement du printemps – Perspectives préoccupantes


Communiqué: Regain d'activité dans l'économie fribourgeoise après l'effondrement du printemps – Perspectives préoccupantes

La situation économique fribourgeoise s'est clairement reprise depuis son point le plus bas du printemps dernier, lorsque le semi-confinement a stoppé net des milliers de commerces et ralenti drastiquement la plupart des secteurs d'activité. L'enquête conjoncturelle d'automne menée par la CCIF auprès de ses membres entre le 19 août et le 16 septembre 2020 montre qu'une majorité des entreprises a désormais retrouvé un niveau d'activité qualifié de "satisfaisant" ou même de "bon à excellent", porté par la reprise des services ainsi que la bonne tenue de la construction et de l'industrie alimentaire.

Derrière ces deux solides piliers de l'économie cantonale, la conjoncture se révèle toutefois des plus fragiles. D'une part, la rentabilité se dégrade chez une part toujours plus importante d'entreprises. De l'autre, les perspectives commerciales sont négatives tant dans un horizon à six mois qu'à plus long terme. Fortement impactés par le semi-confinement, les investissements ont régressé cette année et devraient encore se contracter en 2021. Quant à l'emploi, il a lui aussi diminué cette année et il devrait au mieux stagner au cours des douze prochains mois. L'industrie d'exportation se trouve dans la situation la plus préoccupante.

La marche des affaires actuelle est satisfaisante pour 41% des sociétés tandis que 28% la jugent bonne et 4% excellente, montre la compilation des réponses de 283 entreprises membres de la CCIF, occupant plus de 16'000 personnes. A 27%, la proportion d'entreprises faisant état d'une situation "médiocre à mauvaise" a toutefois plus que triplé par rapport aux 8% de l'an dernier. Dans l'industrie et la construction, ce sont en outre 35% des répondants qui jugent négativement leur situation actuelle, contre seulement 23% dans les services. Chez les entreprises exportant plus de 80% de leurs produits, ce taux grimpe à 59%.

Perspectives toujours sombres

A six mois, 30% des entreprises prévoient une marche des affaires difficile (37% dans l'industrie/construction et 27% dans les services). Au-delà, ce sont 35% des sociétés qui s'attendent à une marche des affaires "médiocre à mauvaise" (46% dans l'industrie-construction et 30% dans les services). Plus l'entreprise est exportatrice, plus ses perspectives sont négatives: il n'y a pour l'instant pas d'impulsions positives en vue sur ce front. Les sociétés comptant entre 30 et 100 collaborateurs sont en outre les plus pessimistes.

Marge d'autofinancement

La marge d'autofinancement est désormais "médiocre à mauvaise" pour 22% des répondants, soit 10 points de plus en un an. Si 36% des sociétés font encore état d'un cash-flow "bon à excellent", elles étaient 50% dans ce cas au cours des deux années précédentes. La rentabilité est jugée satisfaisante par 42% des entreprises.

Côté investissements, la contraction constatée ce printemps se confirme. 42% des entreprises ont investi cette année, alors qu'elles étaient 51% à l'annoncer en début d'année. Cette part tombera à 37% en 2021 (soit 55% dans l'industrie/construction et 29% dans les services). Les grandes sociétés maintiennent toutefois leurs projets, au moins partiellement: 82% de celles occupant plus de 100 collaborateurs annoncent vouloir investir en 2021.

Effritement des effectifs

Sur le front de l'emploi, les effectifs ont diminué dans 19% des entreprises cette année, mais progressé dans 22% d'entre elles, 59% ayant maintenu leur personnel stable. Dans l'industrie et la construction, 24% des répondants ont créé de nouveaux emplois tandis que 23% en ont supprimé. A noter que la part des sociétés exportatrices qui ont dû réduire la voilure se monte à 40% (contre une sur quatre qui a embauché).

Côté salaires, la récession déclenchée par le coronavirus est encore plus manifeste: 54% des entreprises n'octroieront aucune augmentation en 2021 (47% dans l'industrie/construction et 57% dans les services). Une entreprise sur dix (13% l'an dernier) prévoit d'accorder des hausses se situant entre 0,1 et 0,9% et une sur cinq (un tiers il y a un an) des augmentations allant de 1 à 1,9%. En moyenne, pondérée selon la taille des entreprises, la hausse atteindra 0,6% en 2021, toutes activités confondues, soit 0,5% dans l'industrie et 0,7% dans les services. Ces chiffres se montaient respectivement à 1%, 0,9% et 1% l'an dernier.

Télétravail, vers une pratique accrue

Le recours au télétravail a été l'une des clés permettant à une large partie des entreprises de maintenir leurs activités, ou du moins une partie d'entre elles, pendant le pic de la pandémie. Thématique complémentaire à l'enquête conjoncturelle d'automne de la CCIF, les données fournies par les membres de la Chambre montrent que 27% proposaient déjà le télétravail de manière élargie à leurs employés avant la crise du Covid tandis que 29% le pratiquaient de manière restrictive. Pour le reste, 15% n'y recouraient pas "par choix" tandis que 28% ne peuvent pas l'envisager, car leur activité nécessite la présence des collaborateurs dans l'entreprise.

Pour les entreprises qui proposent le télétravail, ce sont en moyenne 38% des effectifs qui sont concernés (16% dans l'industrie/construction et 47% dans les services). Le nombre de jours par semaine est de 1 à 1,9 jour dans 46% des cas, mais 15% des entreprises proposent le télétravail 5 jours par semaine. Les petites entreprises (moins de 30 collaborateurs) sont même 35% dans ce cas de figure. Le coronavirus a poussé 54% des entreprises qui n'avaient pas encore adopté ce modèle à y venir.

Une fois la pandémie terminée, 20% affirment qu'elles maintiendront le télétravail dans les mêmes proportions qu'actuellement et 8% l'intensifieront. 49% le pratiqueront dans une moindre mesure et 23% l'abandonneront.
Indépendamment du fait qu'elles le pratiquaient ou non avant cette nouvelle maladie, 56% des entreprises jugent que le télétravail augmente la satisfaction des employés, 49% qu'il réduit le stress des déplacements et 44% qu'il permet un meilleur équilibre entre vie professionnelle et privée. 38% estiment qu'il accroît l'agilité de leur entreprise.

Côté défis, 58% évoquent la question de la communication avec les employés, 43% la protection des données et la sécurité informatique et 36% le contrôle des horaires de travail ainsi que la mise en place de l'infrastructure nécessaire. Pour accompagner le télétravail, 59% des répondants fournissent du matériel à leurs employés et 51% ont adapté le management. Mais seulement 26% des entreprises ont, à ce stade, édicté un règlement spécifique sur cette manière de travailler.

L'enquête conjoncturelle d'automne 2020 de la CCIF a été adressée à 1045 membres de la CCIF et 283 d'entre eux (89 dans l'industrie/construction et 194 dans les services) ont répondu, totalement ou partiellement, ce qui représente un taux de réponses de 27%. Ces entreprises occupent 16'189 personnes, ce qui correspond à un emploi privé sur sept. Dans le secteur secondaire, un emploi sur quatre est représenté. 29% des répondants sont des entreprises exportatrices.

Contacts
Chantal Robin | directrice | 026 347 12 30
Philippe Gumy | conseiller économique | 026 347 12 23